Luigi Malerba (1927-2008) a été un auteur prolifique de romans et de récits, mais aussi réalisateur et auteur de textes pour le cinéma.
Il a collaboré à différents journaux et a été un écologiste actif et combatif. Parmi ses œuvres
traduites en français: Le Serpent cannibale (1966, Grasset), Saut de la mort (1968, Grasset ; Prix Médicis Étranger 1970), Le Feu grégeois (1990, Fayard), La Planète bleue (1989, Fayard), Clopes (1991, Fayard).
Fantômes romains, paru en 2006, est le dernier roman de Luigi Malerba, un des écrivains les plus subtils du Novecento littéraire italien, auteur de récits variés traduits en plus de 20 langues. Scénariste et réalisateur de textes pour le cinéma, intellectuel attentif et profond, écologiste convaincu, Malerba, né en Émilie, débarqua à Rome dans les années 1950, quand la Ville éternelle, désormais capitale incontestée du cinéma et des médias, était devenue une destination obligée pour les jeunes intellectuels et les artistes. Malerba y resta finalement toute sa vie, se partageant entre Rome et l’Ombrie. Son intérêt pour l’écologie, émergeant dès l’époque du Serpent cannibale (dans les années 1960), le conduisit à mener de nombreuses batailles au nom de l’environnement dans les régions et villes où il vécut – en particulier Orvieto, élaborant des initiatives retentissantes et contribuant à en faire, à partir des années 1970, un pôle culturel de rencontres et conférences renommé. Fantômes romains est l’histoire de Giano, célèbre architecte urbaniste et professeur universitaire, et de Clarissa, un couple bourgeois qui vit dans le centre cultivé et mondain de Rome. Un mariage apparemment libre et sans préjugé, mais en réalité fondé sur l’hypocrisie, plein de suspicions, jalousies, désirs et culpabilité. Mais il n’est pas ici question de drame, Malerba le dépeint avec beaucoup d’ironie, introduisant ça et là des tonalités grotesques, des escarmouches et des péripéties entre les deux personnages qui font partie du jeu, surtout du jeu amoureux. Pour ce faire, l’auteur a recours à ce qu’il appelait le « monologue extérieur » : stratégie littéraire de deux voix alternées dont chacune monologue sur sa propre histoire et celle de l’autre, fouillant dans le passé, divaguant sur les intentions, regardant naturellement chaque scène de son propre point de vue. Mais l’ironie subtile de l’écrivain retranscrite par ses protagonistes ne suffit pas : il introduit subtilement et en parallèle un troisième élément. Giano écrit en cachette de Clarissa un roman, mais sans toutefois l’empêcher de le trouver et d’y lire, sous des apparences trompeuses, leurs propres histoires. Elle, ignorante, s’y retrouve et se voit à travers les yeux de son mari, alors que lui, diaboliquement, l’attire dans ses pièges. Jusqu’au final, lui-aussi diaboliquement ouvert et insolite.